Trois après son dernier sacre hexagonal, le Stade Toulousain est redevenu champion de France après sa victoire sur Montpellier, samedi en finale du Top 14. C’est le 18ème sacre du club depuis la naissance de la compétition, et cela l’assoit un peu plus encore au sommet du palmarès du rugby français. C’est aussi le deuxième titre en deux ans, après la H Cup 2010, pour les joueurs de Guy Novès, qui réussissent ainsi un splendide coup de maître.
On ne change pas une équipe qui gagne, et le staff avait décidé de suivre ce précepte à la lettre. L’équipe qui était alignée au coup d’envoi à Saint Denis était ainsi la même que celle qui avait débuté une semaine plus tôt face à Clermont, en demi-finale. La seule différence se trouvait sur le banc des remplaçants, sur lequel s’installaient trois joueurs des lignes arrières (contre deux face à l’ASM). C’était Vincent Clerc qui entrait dans le groupe, au détriment de Shaun Sowerby.
On assistait dans une ambiance survoltée à un début de match intéressant entre les deux équipes, qui cherchaient avant tout à produire du jeu. Les débats étaient globalement équilibrés, même si la première escarmouche digne de ce nom était en faveur des Toulousains. Une première bientôt suivie d’une seconde, initiée par une impressionnante percussion de Jauzion. Mais sur celle-ci, la défense montpelliéraine se mettait à la faute, et Skrela, pourtant en position avantageuse, manquait d’ouvrir le score (8ème).
Depuis quelques minutes, le Stade prenait nettement l’ascendant, mais un mauvais choix venait souvent perturber les offensives stadistes, à l’image d’un coup de pied à suivre de Heymans direct en touche, alors que le soutien semblait pourtant présent. Puis, c’était au tour de Médard, en en débordement sur l’aile, de taper jusque dans l’en-but, pour finalement être devancé par un défenseur. Bref, dans l’ensemble, Toulouse dominait, mais ne parvenait pas à faire fructifier cette emprise.
Et encore une fois, les Rouge et Noir manquaient de marquer à l’issue d’une action un peu confuse, suite à un nouveau ballon dans le dos de la défense. Ce ballon semblait promis à la touche, mais Caucaunibuca était le seul à y croire, récupérait le cuir et aplatissait, pour un essai finalement refusé à la vidéo. Montpellier, de son côté, n’avait pas d’autre choix que défendre, et pouvait s’estimer heureux d’être parvenu au quart d’heure de jeu sans encaisser de points.
Puis, c’était au tour de Jauzion de jouer dans le dos de la ligne adverse, et un plaquage tonitruant de Picamoles obligeait Tomas à sortir en ballon mort. Malheureusement, sur la mêlée à cinq mètres consécutive, le pack héraultais prenait nettement le dessus, et obtenait logiquement une pénalité. Cela semblait du reste donner du tonus au MHR, qui investissait par la suite les 40 toulousains, et la séquence se terminait par un drop de Trinh-Duc, qui passait assez nettement à côté.
Mais les mouches, décidément, avaient changé d’âne. Montpellier récupérait le cuir sur le renvoi, et , au prix d’une jolie séquence personnelle, mystifiait deux joueurs rouge et noir pour marquer le premier essai de la soirée. Cela n’était sans doute pas conforme à la physionomie des débats, mais les faits étaient là : Montpellier menait 7-0.
Skrela, dans la foulée, obtenait une pénalité à hauteur de la ligne médiane, mais restait court. Et à la demi-heure de jeu, Servat, blessé, devait céder sa place à Lacombe. L’environnement global, on l’aura compris, n’était guère favorable aux joueurs de Guy Novès. Mais sur une échappée de Doussain au ras de la mêlée, dans les 22, Nagusa tapait dans le ballon et écopait d’un carton jaune. Skrela, hélas, trouvait dans la continuité le poteau sur la pénalité.
Le Stade, cela dit, ne se décourageait pas ce manque de réussite, et finissait par débloquer son compteur, suite à une pénalité de Skrela (38ème). Le score était donc de 7 à 3 en faveur de Montpellier quand les deux équipes regagnaient les vestiaires. Pour ne pas avoir su exploiter ses moments forts, le Stade se trouvait dans une position délicate
La reprise pouvait difficilement débuter plus mal : sur le coup d’envoi, Picamoles commettait un en-avant, et Trinh-Duc claquait un drop impeccable, qui redonnait 7 points d’avance aux siens. Mois d’une minute plus tard, le demi d’ouverture héraultais retentait un drop, mais le ballon filait à côté. L’alerte avait été chaude.
Quelque peu sonné, les Haut-garonnais tentaient de réagir, mais un en-avant, à l’image d’une combinaison entre Jauzion et Médard, annihilait leurs efforts. Skrela, à la 48ème, réduisait pourtant le score sur pénalité. La suite allait être légèrement en faveur des Toulousains, mais aucune opportunité réelle n’était à signaler, malgré un impressionnant maul stadiste, qui emportait tout sur son passage sur trente mètres. A la 54ème, Toulouse obtenait une pénalité en mêlée, et Skrela manquait son coup de pied, et les Rouge et Noir manquaient l’occasion de revenir à un point.
Une nouvelle chance était donnée peu de temps après, alors que la domination stadiste était de plus en plus manifeste. Le Stade choisissait de jouer la touche, et perdait finalement le ballon sur un en-avant. Une autre chance était offerte à la 64ème, et cette fois, Skrela tentait le coup de pied. Depuis quasiment le milieu du terrain, le ballon passait à droite. Le numéro 10 toulousain se ressaisissait dans la foulée, et ajoutait trois points au compteur des siens, qui revenaient à un point.
Toujours aussi dominateurs, les coéquipiers de Thierry Dusautoir repartaient à l’assaut. Ils obtenaient une nouvelle pénalité, réussie par Bézy, à peine entré en jeu. Pour la première fois, à moins de dix minutes du coup de sifflet final, Toulouse passait devant.
Le plus dur était presque fait, il fallait maintenant conserver ce maigre avantage. Toujours maîtres du ballon, les Stadistes campaient dans le camp héraultais, et passaient une nouvelle pénalité, suite à une énième faute adverse, qui valait un carton jaune à Paillaugue. Bézy ne laissait pas passer l’occasion, et le MHR, par la suite, n’avait pas les ressources pour inverser la tendance, malgré une dernière action brûlante à la dernière minute.
Le Stade obtenait un succès amplement mérité, mais qui avait été très long à se dessiner.